12 septembre 1882. Le maire reçoit une lettre émanant des autorités militaires le priant de porter à la connaissance de ses administrés qu'au cours d'une série de grandes manœuvres, un corps de troupe de 1600 soldats fera bientôt une halte de 24 heures à Croissy pour prendre de la nourriture et un peu de repos.
Immédiatement, le maire fait annoncer à son de caisse les dispositions de l'administration militaire et invite l'ensemble de ses concitoyens à prévoir des lieux de cantonnement et à s'approvisionner en vivres en quantité suffisante pour pourvoir à l'alimentation du nombre considérable de soldats qui est annoncé.
On comprend l'émoi qui se répand alors dans le bourg à cette nouvelle : le nombre d'hommes dont on attend la venue est égal à celui des habitants de la commune, chacun a donc droit à son soldat ! Les maraîchers aménagent promptement leurs granges et leurs cours, les boulangers enfournent des montagnes de pains, les bouchers découpent de larges entrecôtes, les charcutiers égorgent leurs pensionnaires pour en faire des pyramides de saucisses. "Sur les seules ressources en victuailles amassées aujourd'hui, le village tout entier aurait de quoi vivre pendant un mois" affirme-t-on.

Finalement, renseignement pris, tout s'expliqua tant bien que mal. Le maire, qui reçut nombre de protestations, n'était aucunement responsable de cette déconvenue, il n'avait fait qu'exécuter les ordres reçus qu'il ne devait pas discuter. Mais l'administration militaire, "qui n'a pas mis ses bésicles", avait confondu Croissy-sur-Seine et Croissy-sur-Celle, petite commune de l'Oise !
Laissons le mot de la fin au Journal de Saint-Germain qui, évoquant l'affaire, conclut en plaisantant : "à la différence des carabiniers d'Offenbach qui arrivent toujours trop tard, les troupes de la République, par la faute de leur administration, n'arrivent jamais !"
Article paru dans "Côté Croissy" n°3 - juillet 2003.
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